L'enfer, c'est la boue. On sait ce que c'est, on peut en parler : on en vient. Nous avons endure la neige de la Sierra Nevada et le sable de l'Arizona mais ces quatre derniers jours sur les chemins forestiers du Nicaragua nous ont fortement marques.

Parce qu'on en a bave !!

Nous sommes partis de San Raphael del Sur pour atteindre San Juan del Sur par des chemins secondaires plutôt que la route pleine de camions. Tout se passa bien jusqu'au village de la Trinidad : petit chemin cyclable, ombrage, vraiment tres agreable :

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La route etait toute tracee : Tecomapa - La Cholpa - el Astillero. Une cinquantaine de kilometres de ballade jusqu'a el Astillero, petit port de pêche. Une journee de pedalage en forêt... Quelle ne fut pas notre deconvenu lorsque nous croisâmes un bus embourbe (un camion benne avec des gens dedans, quoi) de 20 cm dans une bande de boue d'une cinquantaine de metres de long. Nous passâmes cette zone en poussant les velos une premiere fois. Ce fut penible mais on avancait bien : on ponvait pedaler entre chaque zones boueuses.

QQQQQQQQQQQQQQQQQ-photo flotte aux chevilles.

Et puis ca se gate. Nous ne tardons pas a nous retrouver continuellement enlises a pousser (voire porter) les velos a bout de bras. Ereintant pour nous qui devions errer un temps. La boue s'aglutine dans les passages de roue des velos, les empechant de rouler. Elle nous remonte jusqu'au genoux avec un phenomene de succion nous aspirant les pieds quand nous voulons les soulever. Les coutures des semelles se dechirent en peu de temps. Nous devons donc continuer pieds nus dans la gadoue qui cache quelques surprises epineuses.

Apres une journee de cette galere, nous arrivons enfin a Tecomapa. 15 km parcourus a la force des bras. Tecomapa : quatre barraques, pas de route et des gens qui vivent dans cette jungle. Apres renseignement aupres des habitants, que nous faisont rire quand ils nous voient trainant nos velos, nous apprenons que le chemin jusqu'a La Cholpa est "malissimo" mais qu'il existe une sortie sur la mer qui nous permettrait d'atteindre el Astillero plus aisement par la cote. On repart, le lendemain, plein d'espoir. La route est longue ! Il faut traverser des rivieres :

QQQQQQQQQQQQQQQQ- traversee riviere chemise dechiree.

Il faut se decider sur la route a prendre a chaque embranchement. Nous n'avons pas de carte mais la boussole nous a bien servi car, bien souvent, les chemins ne sont pas des grosses routes bien tracees :

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Le deuxieme soir dans la jungle nous entendons, au loin, le bruit familier du ressac des vagues. C'est bon : c'est pour demain ! Il est temps nous commencons a manquer a manger.

Nous repartons donc le lendemain. Apres une journee de marche, nous croisons une habitation. Un type est la. Il nous repete que le chemin jusqu'a el Astillero est "malissimo" mais qu'en passant par la mer, c'est mieux. Mais oui, nous le savons ! Mais comment fait-on ? Il nous ouvre sa barriere en nous disant : "c'est par la".

Et enfin, la mer !

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Nous n'etions donc pas loin. Soulagement d'être presqu'arrives. Nous nous detendons, nous contemplons l'ocean Pacifique, des enfants jouent au base-ball et nous les regardons. Boue, pluie, crevaisons (impossibles a bien reparer a cause d'une mauvaise colle) sont loin. Nous ne sommes pas encore arrives mais, pour l'instant, cela ne nous preoccupe guere. Les quatre heures de marche dans le sable qui nous attendent demain, on n'y pense pas, on s'en fout !

Or, pousser les velos dans le sable, c'est dur. C'est certes mieux que la boue, mais il ne nous a pas fallut longtemps pour comprendre que ce n'est pas encore termine. Bon, cette côte Pacifique est vraiment belle. Ca aide a faire passer la pilule. Au passage, on se rend compte qu'elle n'est pas facile d'acces :

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Nous avancons bien tout de meme mais il nous faut encore franchir ca :

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Ce qui semble difficile s'avere ètre, en fait, tres penible. Nous n'avons plus de chaussures et les rochers sont brûlant et abrasifs. Mais au detour de ces falaises nous apercevons el Astillero. Enfin ! De plus, le sable est bien tasse et on peut pedaler dessus :

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On se croit tirer d'affaire (encore une fois). C'est sans compter ce qui nous a semble, a ce moment la, l'acharnement du destin : Un derniere riviere a franchir. Profonde et bien plus de courant que toutes celles que nous avons franchies jusque-la.


Quatre jours, cinquante kilometres... Bien loin des soixante-dix quotidiens mais surtout bien plus penibles. On a jamais autant peine.

Enfin bon, nous avons atteint el Astillero les pieds niques mais en bonne sante et on a vite retrouve la bonne humeur. Nous aurions pu eviter tout cela en rebroussant chemin aux premieres traces de boue et en faisant un detour. Mais aucun regret, ces quatre jours dans la jungle nous laisserons des souvenirs assez indelebiles.